— « everytime i think of you ; i always catch my breath » - jhanuem

« I can’t lie to myself. You’re the only one I need. You’re the only one I want »

Oui, elle avait définitivement hurlé. Mais pour sa défense, son frère n’avait pas arrêté d’être sur son dos depuis ce matin, et elle en avait eu plus que marre. Elle étouffait. D’accord, elle était dans un état pour le moins précaire, mais ce n’était pas comme si elle allait claquer à chaque nouveau virage, si ? Donc qu’il la laisse un peu en paix, elle lui en serait plus que reconnaissante. Non, elle n’était pas une ingrate. Elle appréciait sincèrement toute l’attention dont elle était la destinataire mais elle était également une jeune fille indépendante qui avait besoin de se retrouver seule de temps à autres pour pouvoir faire le point, surtout en ce moment. Il lui manquait. Horriblement. Tous les jours elle pensait à lui. A eux. A ce petit être qui grandissait tout au fond d’elle et qui bientôt, viendrait les rejoindre. Pour le moment, cela n’était pas encore vraiment visible vu qu’elle n’en était approximativement qu’au troisième mois même si son ventre semblait un peu plus rond qu’à l’accoutumé, surtout au toucher, mais bientôt, cela serait une évidence qui frapperait aux yeux de tout le monde. Mais pour l’heure, elle avait décidé de conserver tout cela secret, ne mettant au courant de son état de santé que quelques rares personnes. Et pas le principal concerné. Comment aurait-elle pu ? Ils avaient déjà rompus quand elle avait appris son état et son ainé, souhaitant la ménager un peu et lui remonter le moral, l’avait emmenée en voyage dans un coin un peu plus reculé de l’état pour qu’elle puisse se ressourcer. Oh, non je vous vois venir, rien de grandiose et de merveilleux, les deux Lysaght étant loin d’être riches, juste une petite ferme dans laquelle il travaillait pendant les vacances pour gagner un peu d’argent. Mais maintenant, la vie étudiante était à reprendre et elle se sentait un peu perdue au milieu de cette masse d’inconnus et elle ne pouvait pas le chasser de ses pensées quoi qu’elle fasse même si elle affirmait le contraire. Sia était probablement aussi fière et orgueilleuse que Jhanuem même si cela frappait moins au regard et elle n’était pas du genre à se complaire dans les lamentations. Mais cela ne voulait pas dire que sa peine n’était pas réelle et la blessure que leur séparation avait causée semblait ne pas vouloir cicatriser. Après tout, elle en était persuadée, il était l’homme de sa vie. Et une fois de plus, elle avait tout gâché. Elle soupira longuement alors qu’elle glissait ses mains dans les poches du sweatshirt trop grand de son frère qu’elle avait enfilé ce matin, non seulement parce qu’elle avait froid mai aussi parce qu’il gâchait son ventre, le tout contrastant avec le simple short en jean qu’elle portait. Mais c’était ca Sia, une fille qui se fichait du fait qu’elle ne portait pas une tenue harmonisée et qui s’habillait comme elle le désirait. Même si, comme avant, c’était les habits à Jhanuem qu’elle aurait voulu porter. Combien de fois lui avait-elle emprunté un short, un pull ou même une écharpe pour avoir ne serait-ce que son odeur sur elle quand ils étaient séparés ? C’était surement impossible à compter. Mais aujourd’hui tout était définitivement fini. Il ne pourrait jamais lui pardonner. Et dans un sens, elle le comprenait. Mais cela ne l’aidait pas à combler ce vide tout au fond d’elle que son absence avait laissé. Elle avait besoin de lui. Leur enfant avait besoin de lui. Mais comment oser lui dire après ce qu’elle avait fait ? Et puis de toutes les manières, elle ignorait totalement où il pouvait se trouver en ce moment et ce n’était pas enceinte qu’elle allait traverser toute l’Amérique pour le retrouver. Elle ne voulait pas mettre le bébé en danger. Jamais. Alors pour l’heure, elle se trouvait dans une salle de classe déserte avec son eternel pochette à dessins qu’elle trimballait partout avec elle. Et elle ne cessait de griffonner depuis toute à l’heure, complètement attentive sur sa tâche quand soudainement, elle entendit quelqu’un tousser, la faisant remonter son visage pour apercevoir la nouvelle arrivante.

Fille ▬ « Dis Sissi, tu viens danser avec nous ? »
Sia ▬ « Non, je suis un peu fatiguée là. Peut-être plus tard. »
Fille ▬ « Mais tu sais, on s’amuse beaucoup et Mia veut nous montrer ces nouveaux pas de danse qu’elle a appris en se rendant cet été en Espagne et… »
Sia ▬ « Une autre fois, d’accord? Je suis vraiment désolée mais là… je doute que mes pieds arrivent à me soutenir. Tu embrasseras les autres pour moi, d’accord ? »

Elle lui offrit un sourire d’excuse alors qu’elle voyait l’autre sans aller en soupirant de découragement. Cela faisait plus de deux mois, depuis qu’elle était au courant de son état, qu’elle n’avait pas dansé. Et cela lui manquait atrocement. La danse c’était une partie importante de sa vie mais elle ne devait pas prendre de risques inutiles. Elle pourrait trébucher, faire une mauvaise chute et ainsi nuire à son enfant. Et il en était hors de question pour elle. A croire que l’instinct maternel c’était déjà développé chez elle alors qu’on ne pouvait pas dire qu’elle ait eu un bon exemple avec sa propre mère qui avait été si indifférente à sa détresse. Normal, me direz-vous. Elle n’était pas la bonne fille. C’était Astrid qui l’était. Elle soupira de nouveau alors qu’elle regardait le dessin qu’elle était entrain de faire. Il représentait une jeune fille qui était assise sur une balançoire et qui regardait deux personnes de dos - un jeune homme et une jeune femme - qui semblaient partir. Un dessin tout de noir et de blanc, qui respirait une certaine mélancolie plus qu’évidente alors qu’elle avait inscrit les paroles suivantes juste en dessous : « People always leave ». Non, elle n’était pas dépressive. Elle avait juste le don de faire partir loin d’elle les être qu’elle aimait le plus au monde par ses bêtises. Enfin pas tous. Il semblait que son frère lui était bien collé à elle et bien qu’elle semblait vouloir être tranquille ici, il ne cessait de venir la voir toutes les vingt minutes pour voir si elle allait bien ce qui était sérieusement entrain de lui taper sur le système. Certes Sia était une jeune fille douce et gentille mais elle restait une Lysaght, c’est-à-dire une personne au sang chaud. Depuis un petit moment déjà, histoire de faire fuir les étudiants moins courageux et téméraires que son frère, elle avait mis la musique à fond, histoire de bien faire passer le message qu’elle voulait être tranquille. Mais pas n’importe musique bien sûr pour ne pas que les autres pensent qu’elle venait de déclencher une rave party. Non, elle leur balançait du ABBA à fond les stéréos, la bonne vieille musique américaine qu’elle adorait et qui faisait grincer les dents de bien des personnes. Penchée à moitié sur son bureau, elle était entrain de dessiner encore et toujours, passant sa main sur sa joue où elle déposa une petite marque noire à gauche du crayon quand elle entendit une nouvelle fois la porte grincer. Se doutant que cela devait être encore son ainé, elle ne prit pas la peine de relever son visage ni même de se retourner pour faire face au nouveau venu alors qu’elle prenait la parole sans pour autant arrêter sa tâche.

Sia ▬ « Oui j‘ai mangé ce matin. Non, je ne suis pas trop crevée. Oui, j’ai lu les 29 derniers messages que tu m’as envoyé et non je n’ai pas ouvert cette fenêtre dans le but de me défenestrer, et non l’idée ne m’a pas non plus effleuré l’esprit alors tu peux repartir encore une fois frérot. »

Seulement, ce qu’elle ignorait c’était que cette fois-ci, elle ne s’adressait pas à l’autre Lysaght mais à la seule personne qu’elle ne pensait pas rencontrer ici. Le jeune homme qui lui avait dérobé le cœur et qui ne semblait pas être prêt de le lui rendre. Celui à qui elle devait des explications mais à qui elle n’arrivait pas à les donner. Car il était là le problème. La jeune fille était bien trop introvertie et elle ne confiait pas aisément ce qui lui pesait sur le cœur. Pour savoir ce qui se cachait derrière ces yeux d’émeraude qui vous fixaient calmement, il fallait réellement batailler cela pouvait énerver par moment, ce qui expliquait en partie les quelques bas que son couple avec Jhanuem avait connu et qui les avaient parfois amenés à se séparer pendant un petit moment, jusqu‘à ce qu‘ils ne puissent plus supporter l‘absence de l‘autre. Mais un jour surement qu’elle pourra lui parler d’Astrid. De sa vie en Californie. De ce bébé qui est le leur. Mais pour le moment, les blessures ne sont pas refermées et les retrouvailles entre les deux amoureux risquent d’être plus mouvementées qu’émouvantes...

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